Madame,
Vos opinions sur la Russie et son président vous regardent et vous appartiennent. En ce dernier sens, elles ne sauraient être contestées. Par contre, on est habilité à évoquer le concept de naïveté lors que l’on fait le constat de vos propos qui mettent en doute «nos médias». Car l’ensemble de vos prises de position visent à prendre le contrepied systématique de tout ce qui pourrait mettre en cause les versions officielles concernant les agissement réels ou présumés (je vous concède ces derniers) du régime du Kremlin.
Vous avez également fait référence à un billet publié sur mon blog en septembre 2015, ce dernier faisant écho à l’une de vos publications mettant en doute la manière dont l’attentat du train Thalys, quelques jours auparavant aurait été rapportée par la presse. Certes, je vous y attribuait de la naïveté. Mais cette naïveté tient à mes yeux davantage au fait que vous ne semblez aucunement prendre la mesure des propos que vous tenez, et de leurs potentielles conséquences. Il s’agissait ici d’une vision conspirationniste de l’événement, telle qu’elle était évoquée par un journaliste du Temps, ainsi d’ailleurs que par le tenant local de l’islamisme le plus obscur, Hani Ramadan.
Si vous preniez le temps de relire ce même billet, vous constateriez que, plus que vos propres écrits, je fais surtout la critique des défoulements de haine et injures qu’ils provoquent de la part de vos nombreux commentateurs. Et ma critique la plus virulente se manifestait à l’encontre de l’inexistante modération de la plate-forme des blogs de la Tribune de Genève, qui laisse publier des propos orduriers et racistes (relisez les extraits des commentateurs de votre propre blog cités verbatim dans mon billet). Ni plus, ni moins et je l’assume.
Je ne sais pas pour vous, mais vu de l’extérieur, la Russie ne m’apparaît pas véritablement comme un modèle de démocratie. Le fait qu’une élection doive s’y tenir prochainement ne suffit à la qualifier pleinement de démocratie, tant les opposants à Poutine ont subi, semble-t-il, des intimidations, arrestations ou interdictions de concourir contre le maître. Ou alors, étaient-ce toutes de fausses informations, des manipulations systématiques de «nos médias»? N’est-ce pas précisément naïf de le croire – car si tel est le cas, tous les médias mentent, envers et contre une vérité ultime qui serait détenue par le président bientôt réélu et ses séides?
Et qui plus est, j’ai de la peine à imaginer les «gros risques» que l’occident courrait à «diaboliser» la Russie et son président. C’est vrai, finalement, que risquons-nous ? Une guerre, une invasion? Des sanctions économiques? Un survol de notre territoire par l’aviation russe? La réalité est que le seul risque que nous prenons est de provoquer l’ire des poutiniens de toutes nationalités et origines et de provoquer leurs déchaînements de haine aveugle et sordide.
Comme dit le proverbe, les chiens aboient et la caravane passe.
Tout cela pour dire que la moindre des choses serait que vous assumiez la responsabilité des réactions que vos propos provoquent. Et puis, n’y a-t-il pas d’autres sujets plus intéressants concernant la Russie, son immense culture ou son histoire que Vladimir Poutine et ses agissements impérialistes?
Bien à vous.