Jean-Dominique Michel se présente (je devrais dire se vend) comme un « anthropologue de la santé ». Il a un troupeau de suiveurs inconditionnels sur sa page Facebook et son blog. Depuis le début de la pandémie liée au Covid-19, on le voit partout, on l’entend partout et il dégoise ses théories à la mord-moi-le noeud à tort et à travers.
Il se fait passer pour un professionnel de haut niveau. Malheureusement pour lui, il a eu la bêtise de publier son parcours de formation sur sa page LinkedIn. Impressionnant parcours…
Il débute dans les années 1986 – 1994 à l’Université de Montréal ou il aurait obtenu des « certificats » en études théâtrales, cinématographiques, anthropologie ainsi qu’un Bachelor en « Arts & Sciences ». Quels diplômes? On n’en sait rien.
Il poursuit avec un brevet d’instructeur suisse de ski et patente vaudoise en 1990 – 1991, ce qui prouve qu’il a du revenir en Suisse pour ses vacances d’hiver. Et ce brevet est sans aucun doute très utilie pour développer ses connaissances en anthropologie de la santé.
Et ça continue avec un certificat en ethno-linguistique et un diplôme d’études supérieures en anthropologie de la santé, délivrés par un mystérieux « Psycho-Physics Academy » à Londres, en 1993 – 1995. Cette académie n’a aucune existence sur Internet ailleurs que dans le curriculum vitae de Jean-Dominique Michel. Un simple recherche sur Internet nous apprend que cette société à responsabilité limitée a été créée en 1993 par un certain Jean-Paul André Gérome (artiste peintre de son état) et a été dissoute en 1999. Ca commence à sentir le souffre.
Il poursuit par une formation en biogénéalogie dispensée par Esclarmonde à Genève en 2005 – 2006. Cet institut est spécialisé dans les formations du domaine de la naturopathie et, sur son site actuel, ne fait aucune mention de biogénéalogie.
Ce n’est pas terminé! Notre imposteur fréquente ensuite l’Institut de Coaching et de Thérapies d’Evolution à Genève, entre 2009 et 2013, où il aurait obtenu un diplôme de praticien et de formateur en « accompagnement individuel et groupal »… Cet institut n’a pas d’existence sur Internet.
En 2016, MD Consultation Institution de Santé lui aurait délivré un diplôme de formation REMAS (reprogrammation émotionnelle par les mouvements alternés et la sophrologie)… Il se trouve que cettte organisation « offre une approche de soins ambulatoire en psychiatrie générale et une approche plus spécifique pour les problèmes de dépendances à un produit ou d’addictions à un comportement pour les problèmes d’Hyperactivité chez l’adulte (TDA-H) et pour les personnes « Haut Potentiel »… Le site fait cependant mention de « traitements plus spécifiques comme: l’intégration d’outil TCC de troisième génération, la résilience, le mindfulness, le R.E.M.A.S (technique proche de l’E.M.D.R) basées sur les mouvements alternatifs pour le syndrôme de stress post traumatique, les phobies et certains troubles anxieux »… On s’approche, mais de formation, il n’y en a pas. Il y a fort à penser que notre olibrius y a été admis comme patient plutôt que comme étudiant.
Et pour parachever le tout, il nous dit avoir suivi une formation en « neuro coaching » à la Loyola Marymount University. Cette université catholique existe bel et bien, mais sur son site Internet, aucune trace de formations au coaching ou au « neuro coaching »… En revanche, Mark Waldman qui est effectivement titulaire d’une chaire au sein de cette université, propose un cours en ligne de neurocoaching dont on ne sait pas grand chose sinon qu’il n’est en aucun cas affilié à la Loyola Marymount University.
Enfin, le site Google Scholar ne fait aucune mention de quelconques publications académiques signées de la main de Jean-Dominique Michel.
Tout cela n’est pas reluisant du tout. Jean-Dominique Michel n’est titulaire d’aucun diplôme universitaire digne de ce nom, n’a eu aucune carrière académique, aucune publication autre que ses deux livres et un article sur « L’importance de la croyance dans le processus thérapeutique », publié en 2008.
Si l’on ne se base que sur son curriculum vitae, on doit donc conclure que Jean-Dominique Michel n’est pas qui il prétend être. Sa posture relève davantage de celle d’un gourou illuminé que d’un scientifique de niveau académique.
Pour autant, cela devrait-il lui interdire de proférer ses absurdités? Certainement pas… Pour autant que l’on soit pleinement conscient que cet individu est un imposteur.
